« En cette période estivale, L’Œil Sourd, collectif de renom aux multiples ressources et divers attributs vous propose ce cybercarnet. Véritable outil de propagande contemporaine, le blog est effectivement un moyen des plus sûrs pour parvenir à nouer un semblant de contact avec une audience peu regardante. Toujours est-il, L’Œil Sourd, habituellement voué à l’édition discographique, aux représentations auditives, s’adonne à la composition de ce journal de bord promis à une rapide autodestruction (ou presque). »

lundi 5 août 2013

>>> We're Only In It For The Ice Creams Volume V


Pour affronter la chaleur, dix armes musicales. Musique de chambre, de grenier, d'atelier et de garage pour regagner la confiance dans le "faire soi-même". D'ailleurs, l'artwork est aussi à colorier de son plein gré cette année!

 
 
01. SUPER CONTENT - Punchy Banjo
02. Nephtalie - Hit Wave
03. Carton - Déluge: cartel
04. Super Manineko - Pamplemoussa
05. Le Aids - Préavis
06. Couscous - الكسكس ينشأ
07. Dave Chilton - Insolation
08. Pâtes -
09. Dan McHee - Mourir un 29 Juillet
10. Alice - 2e étage

Artwork : Zed
Mastering : Carton 

mercredi 10 août 2011

>>> L’Impénétrable Vie Sexuelle de Bobby Boobs [n°2]

De son grand plongeon dans les affres d’une accablante sexualité, Bobby n’avait que quelques vagues souvenirs : madeleines de Proust de formes phalliques, réminiscences d’orgies lointaines, subtiles odeurs d’orifices divers. À vrai dire, Bobby Boobs était dorénavant la coqueluche du quartier ; ceci dans les deux sens du terme : une maladie contagieuse pour les uns, un véritable héros salvateur du pubis pour les mêmes. Son atout principal étant la puissance de sa croupe mêlée à un toucher buccal peu commun. En outre, il avait toujours bénéficié d’une endurance favorable à l’exécution des pudiques fantasmes d’autrui.

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Parvenu à l’âge ingrat, le physique de BB – pratique diminutif – se dégrada subitement : noirs pustules et crémeux furoncles envahirent l’intégralité de sa surface organique. Malgré tout, une florissante moustache émergeait de la boutonneuse forêt telle un plumeau stalinien. Côté charme, elle constituait un subtil atout de séduction qui émoustillait assez aisément les membres de l'autre sexe. Il faut dire qu’à ce jeune âge, la plupart sont prêtes à offrir parents et fratrie le temps d’une levrette rondement menée. Un savant mélange hormonale les contraignant à détendre leurs organismes face aux avancées guerrières des opposés barbares aux puissantes giclées blanchâtres.

Toujours est-il, la découverte de l’onanisme fut pour BB une étape décisive. Il passa bientôt des soirées entières à mettre au point de divines palpations qui le menèrent à préférer l’acte solitaire aux parties groupées des fêtes d’anniversaire. A l’époque, lorsqu’on le questionnait sur ses préférences quant aux formes des appareils reproducteurs, il exposait une étonnante théorie tout à fait sage : « Le seul bienfait réside dans l’Amour, mais celui que l’on se fait à soi-même. Mâle ou femelle, quelle importance ? L’autre ignore l’autre. » Bien que très sûr des concepts avancés, il fut vite mené à la révision de cet hâtif jugement. En voici les principales raisons :

En rencontrant Natasha à la sortie du lycée, place de Clichy, il ne comprit pas tout de suite l’ élan dévastateur qui le menait à faire de ce travesti de 33 ans sa nouvelle obsession, la cause de ses insomnies, la raison qu’il donnait au seigneur de l’avoir mis ici-bas. Natasha était caissière le jour, la nuit étant son véritable terrain de jeu. Une rencontre entre chien et loup, en plein hiver, à l’heure à laquelle BB se précipitait d'habitude vers le domicile parental pour s'astiquer une énième fois, plus tranquillement qu’aux toilettes publiques où l’écart entre la porte et le plafond était fort conséquent – comme volontaire, pour empêcher le volume sonore d’une activité masturbatoire passionnée !
Natasha n’était pas n’importe quel vulgaire travelo parisien, un accident de la route sur le périphérique intérieur avait quelque peu troublé sa morphologie de base. Bras et jambes n’étaient plus que bouts de moignons tentaculaires, affutés par le taxi fautif qui coûta la vie à pas moins de 3 passagers. La conductrice du Twingo, unique survivante du meurtrier impact, s’en remit au plaisir des sens dont elle fit son cheval de bataille après cette terrible épreuve. Seulement, à la vue de notre « BB national », bien des années plus tard, c’est un coup de foudre sentimental qui devait bouleverser cet être pourtant expérimenté. Comme souvent, dès le premier regard tout était fait.

Sans perdre une seconde, ils s’entrelacèrent, s’étreignirent vivement à même la chaussée. Le futur bachelier et son infirme en tutu formaient un couple de toujours pour le passant non averti. Une relation déjà si forte, transcendante pour les deux partis ne formant plus qu’un ! Ce qui leur paraissait vain d’avance, et même peu recommandé, prenait une toute autre tournure. Bien entendu, la copulation atteignait un niveau maximum en terme de fluides colorés, de potions corporelles au suave débit, de mordillage mammaire jusqu’au sang. Les différents miels qu’ils produisaient biologiquement finissaient par constituer leur seule nourriture quotidienne. « D’Amour et d’Eau Fraîche », s’amusaient-ils à commenter en chœur ! « Toutes les bonnes choses ont une fin », ont-ils fini par s’avouer.


 À SUIVRE...

lundi 8 août 2011

Demain, Le Monde.

Fig. 1 : Première phase de l'Invasion, et subtile mise en abîme de Sa Lumière.

L'Œil Sourd ne s'en cache guère, son but n'est autre que la Suprématie absolue et indiscutable sur le Monde des Arts et sur le Monde tout court, qui devrait prochainement être ébloui sous Son rayonnement. Dans une ironie redoutable, il utilise de manière tout à fait implacable l'ensemble des outils dont la société consumériste moderne dispose. Vous avez effectivement pu remarquer l'irrésistible expansion dont Il a fait preuve sur le Web, que ce soit via les plates-formes de micro ou macro blogging, les réseaux sociaux, ou encore son domaine Internet officiel. Mais Il développe également nombre d'outils viraux, tels que posters, tampons, ou encore stickers.

C'est il y a peu que le département stratégique de l'Œil Sourd passa un cap significatif. Devançant tous les pronostiques de croissance décents, Il n'a pas hésité à poser un pied à terre sur l'un des symboles les plus mythiques de la musique moderne. En s'appropriant la Route de l'Abbé de Westminster, l'Œil Sourd envoie un message clair :

Demain, le Monde.


Fig. 2 : Seconde phase de l'Invasion, et avertissement dirigé vers le Monde.

Nous rappelons par la même que quiconque souhaite participer à l'Élévation Sourde dès aujourd'hui est invité à placarder ce symbole partout dans le monde et à nous en envoyer les témoignages oculaires à l'adresse habituelle.

Merci à tous.

Longue Vue.

Service Marketing Stratégique, Division Virale

lundi 1 août 2011

>>> Une expo dans le perche (1/2)

Du 30 Juillet au 15 août se tient au Jardin de Pontgirard (dans le perche près de Monceau) une exposition regroupant des artistes ou non de l'Œil Sourd : Aneh (Photographie et feuilles vues de près), My Feet In The Air (Peluches et autres choses grouillantes), Zed (Maquillage et zombies) et ßß (Design et palettes).

Une exposition qui vous donne l'occasion de découvrir le perche et ses secrets.

Pour ceux qui ne pourront se déplacer durant ces quinze jours, un reportage aux interviews exclusives (dont voici un avant-goût) sera bientôt mis en ligne. 








 Faites vivre l'art ! 

mercredi 27 juillet 2011

>>> L’Impénétrable Vie Sexuelle de Bobby Boobs [n°1]

De son grand plongeon dans les affres d’une accablante sexualité, Bobby n’avait que quelques vagues souvenirs : madeleines de Proust de formes phalliques, réminiscences d’orgies lointaines, subtiles odeurs d’orifices divers. À vrai dire, Bobby Boobs était dorénavant la coqueluche du quartier ; ceci dans les deux sens du terme : une maladie contagieuse pour les uns, un véritable héros salvateur du pubis pour les mêmes. Son atout principal étant la puissance de sa croupe mêlée à un toucher buccal peu commun. En outre, il avait toujours bénéficié d’une endurance favorable à l’exécution des pudiques fantasmes d’autrui.

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Pourtant, une anecdote des plus grandiloquentes, remontant à bien des années, ne parvenait à être balayée de son esprit par les extrêmes d’une pratique toujours plus violente. En effet, Bobby avait une histoire en tête ; saillante épine dans le cosmos de ses neurones. C’est-à-dire qu’un matin de 1983, alors qu’il n’était encore qu’un bambin, un « petit loulou » apparemment sans défense, il décida d’entreprendre Margaret : la dame de la cantine. Entreprise qu’il sentait d’ores et déjà très périlleuse, l’hypothétique future petite amie de notre personnage principal étant plus proche d’une retraite anticipée que de sa dernière grossesse. Que diraient ses proches à la vue d’une telle différence d’âge ?

Loin s’en faut, le jeune Boobs ne ressentait la moindre parcelle de découragement. Bien au contraire, l’idée d’un tel défi exacerbait considérablement ses compétences. Évoquons une bonne fois pour toutes l’enjeu de taille, le physique de la cuisinière d’exception qui bénéficiait sans le savoir de fabuleuses ondes érectiles au pouvoir dévastateur. Son fessier flasque en était la principale cause, attrayant au possible, il semblait supplier le passant d’une glissade entre des cuisses à l’élasticité encourageantes, dans l’unique but d’un vidage express. C’est sans compter sur l’imposante gorge ! La poitrine d’outre-tombe, les mamelles de laitière au cœur desquelles bien des frottements hispaniques avaient aboutis.

Bobby opéra en plein repas, juste après l’assiette de crudités, au moment où les spaghettis bolognaises s’apprêtaient à être servies. Il courut vers les fourneaux, empoigna le tablier vert de la ménagère et tira d’un coup sec ! Margaret, cul nul, piquée au vif, était pour le moment dans l’incapacité totale d’émettre la moindre réaction et notre cher Boobs en profita pour y insérer son soulagement bien mérité. Prise de panique face au professionalisme d’un si petit bonhomme, le couple entier fut emporté dans un terrible roulé-boulé d’où sortirent bon nombre d’onomatopées – UUuUuh ! Oooo ! AaAA ! Grrmblr ! UUuUuh ! Oooo ! AaAA !
L’étreinte n’en finissait plus. Voilà un bon quart d’heure qu’ils se malaxaient sauvagement. Bobby impressionnait ses camarades à rester cramponné ainsi à la paire de nichons de Margaret ! Comme ils auraient aimé être à sa place : petites, moyennes et grandes sections… Les animateurs du restaurant scolaire voyaient les choses tout autrement, effarés devant ce spectacle apocalyptique qu’ils finirent par faire cesser à grands coups de chaussures, ils avertirent au plus vite le directeur de l’établissement. Dès le lendemain, une décision était prise et la pédophile fut remise à la gendarmerie. 


À SUIVRE...

mardi 26 juillet 2011

>>> La face cachée de la "maman de L'Œil Sourd"

Aujourd'hui nous allons nous intéresser à un personnage emblématique du groupuscule. Connue de tous, elle est celle qui enfante plus que de raison, celle dont nous sommes les entrailles animées et qui, dans l'ombre, nous dirige de sa poigne de fer à l'aide de sa bûche. Tout le monde a eu vent également de ses multiples talents : du vidéoclip (ici, ici ou bien ici)   aux reprises buccales, des qualités organisationnelles exceptionnelles jusqu'à l'altruisme débordant dont elle a su faire preuve lors des soirées à l'Ambassade. Vous l'avez tous reconnu, il s'agit de : la « maman de L'Œil Sourd ».
Nous vous proposons à travers cette enquête exclusive de découvrir plus en profondeur cette femme qui, sous sa carapace anodine, demeure si mystérieuse. Mais quel lourd secret cache-t-elle ? Pour quelles douloureuses raisons cherche-t-elle à éviter l'évocation de son passé ? Et quelle est cette autre facette de sa personnalité qu'elle dissimule sous le pseudonyme de « Deborah Lauren », aussi appelée « Debbie » ? Telles sont les questions que nous tâcherons d'éclaircir aujourd'hui.

Mise en évidence du sujet de l'étude (cliquez sur l'image)
Avant de donner miraculeusement naissance à la progéniture que l'on sait, la « maman de L'Œil Sourd » était une jeune adolescente timide et solitaire, qui brillait par ses capacités musicales hors-normes. Ses talents, une voix d'or mêlée à une plume claire et passionnée, l'ont très rapidement fait remarquer des producteurs influents. Dominique di Lorentis fut l'un d'entre eux et c'est ensemble qu'ils ont écrit, composé et arrangé « Étoile de soleil », premier single et fruit virtuose d'une collaboration magique placée sous le signe de l'amour. Le morceau traite avec une pertinence rare de l'incompréhension générale face à ce monde où tout va trop vite, tout en relativisant subtilement ces observations face à l'infinie transcendance procurée par l'âme humaine, elle-même métaphorisée par l'étoile de soleil. Les deux tourtereaux, voulant à tout prix fuir les affres de la célébrité, décident alors de créer un avatar, qu'ils nommeront « Deborah Lauren », référence évidente à la filmographie de François Truffaut.

Cover de "Étoile de soleil"




Le clip, tourné peu de temps après, présente ingénieusement une jeune adolescente aveuglée par le charisme et la voix enchanteresse de Deborah Lauren. Il entend ainsi, par cette analogie religieuse, dénoncer les dangers de l’idolâtrie dans ce monde où la superficialité règne en maître. Le titre connaît un succès immédiat, caracole dans les hits parade du monde entier et les critiques s'enflamment pour cette « nouvelle diva du R'n'B ».  Internet s'empare bien entendu de ce nouveau "buzz" et devient le lieu de millions de réactions des fans, qui s'expriment à travers blogs, vidéos ou fan-pages Facebook. Mais le couple a du mal à gérer cette si soudaine richesse et Dominique di Lorentis sombre rapidement dans l'alcool et les jeux d'argent ; tandis que la future maman, impuissante, se réfugie dans la musique. De cette période noire, il restera cependant leur ultime collaboration, « Courir ! », œuvre tragique et pessimiste d'une extrême mélancolie.



Malgré les qualités musicales évidentes du morceau, le public ne suit plus et l'ex- « prodige de la vocalise céleste » retombe bien rapidement dans l'anonymat. Face à cet échec, elle décide de quitter son amant pour finalement devenir bonne sœur. La suite, nous la connaissons tous...

Elsa Fayer

lundi 25 juillet 2011

>>> L'Œil Sourd de France



Enfin ! Je ne passerai plus l’après-midi cramponné à mon écran Samsung, détournant ma cervelle de croulantes obligations : aujourd’hui, le grand tour est conclus. Fini les gladiateurs de la bicyclette chevauchant leurs engins à vive allure ! Les as du vélocipède à la conquête des vertigineux cols ! Les maillots rouge, jaune, vert, blanc, à pois ! Les dossards ! Sans parler des chutes. Ah ! Le plaisir de la chute est tel, je pousse des cris, rien de si merveilleux que le cycliste en bouillie. Je guette en permanence le virage humide, le spectateur trop près du bord, le cabot prêt à déguerpir ou le conducteur maladroit. Les descentes ! Les descentes à plus de cent en vélo… Il faut bien l’avouer : cette édition a largement favorisé mon vice. Je tire mon chapeau à ce néerlandais qui exécuta un salto avant/avant de retomber dans les barbelés et trente-trois points de suture. De tels instants tragi-comiques justifient à eux seuls l’invention du téléviseur. Merci !






Cependant, où est la grande époque ? Un australien mi-poupon, mi-aborigène, a remporté la compétition ; 15 % des coureurs ont abandonné avant la fin ; le premier français est quatrième ; etc. Ce genre d’informations ne suffit plus à ma boulimie du deux roues. Il manque le grain de folie, le moment où le champion perd les pédales, tout est plus calculé, les produits ne sont plus les mêmes, voilà le problème ! C’est sûr, on ne reverra plus un héros à la Tom Simpson, mort au guidon, zigzaguant assoiffé, le maillot plein d’amphétamines sur les pentes du mont Ventoux. Le véritable amateur de sport ne peut être que nostalgique du faciès de camé à lunettes d’un Laurent Fignon (en haut) ou des narines en aspirateurs à coke d’un Pantani. Même Lance Armstrong savait y faire, lui qui avait flirté de si près avec la mort, dormant vingt heures par jour pour récupérer d’un cancer avant de se métamorphoser en figure christique déroulant les kilomètres surhumainement. 






Qu’importe les contrôles et décisions juridiques, la drogue est partie intégrante du cyclisme depuis le XIXe siècle, elle fait la beauté de la discipline. L’interdire, c’est empêcher l’athlète de se transcender, de devenir un demi-dieu échappé du peloton grâce à quelques doses risquées. Comme je hais l’individu qui renie son idole après un contrôle positif ! Mais, bien heureusement, encore aujourd’hui, la tolérance est de mise pour garantir un minimum de spectacle. Le patrimoine du Tour de France est sauvegardé par ses protagonistes. Il reste quelque peu artistique, à la quête d’une esthétique du dépassement de l’organisme de façon quasi-magique. Ô Passion du mois de juillet ! Vivement une équipe « L’Œil Sourd » !


(Pour approfondir votre lecture, vous pouvez écouter en dernière position du lecteur à droite, la chanson des Glasses traitant du sujet sous un tout autre angle)

Air Wick




dimanche 24 juillet 2011

>>> Sachiko Kodama : Protude, Flow (2001-2008)

Morpho Towers / Two Standing Spirals (2007)

Cet objet visuel non identifié est bien réel : il s'agit d'une sculpture réalisée par la japonaise Sachiko Kodama, très justement diplômée de physique et des beaux-arts. L'artiste exploite les propriétés physiques des ferrofluides qui prennent vie sous l'action d'un champ magnétique modulé par différents courants électriques. Cette pièce splendide est extraite d'un riche cycle intitulé Protude, Flow, (qu'on pourrait traduire par Saillie, coulée), qui compte plus d'une dizaine d'œuvres science-fictionnelles et d'installations ferroliquides.

Vue de la sculpture à l'échelle humaine

Pour voir d'autres vidéos de l'artiste, il suffit de taper son nom sur youtube ou de se référer à son site internet sachikokodama.com.

Par Fred et Jamy.

Extrait de la vidéo "Morpho Towers / Two Standing Spirals (2007)"

>>> Les confessions d'un héron


Salut,

Si vous avez jeté une oreille sur le dernier volet de la saga des We're only in it (voir plus bas), je vous dois quelques explications sur le titre de Heron Héron, Tout le monde est parti sauf moi.

Les compilations WOIIT* ont toujours recelé de chansons dites « blagues », certains artistes comme Wonder-Wombat ou plus récemment Dan McHee ayant même excellé dans cet exercice. Tout le monde est parti sauf moi devrait donc, dans l’esprit de l’auditeur, s’inscrire dans cette tradition puisque, même si elle ne provoque pas l’hilarité (comme disons Maru le chat** / voir la vidéo en dessous), elle prétend donner le sourire. 
 


Pourtant. Ce titre est davantage un cri du cœur, qu’une idiotie. Il est le porte-drapeau d’une frustration, celle de ne pouvoir créer seul. Depuis le début de mes études (qui ont de près ou de loin à voir avec les choses créatives), les travaux de groupe sont la clé de voûte de l’apprentissage d’un métier. Dans mon domaine, appelons ça la communication, tout est histoire d’équipe, de relation, d’échange, de compromis, de direction, d’entraide et de sous-traitance. Dans mon cas, on m’a appris à avoir les idées et à les faire faire par d’autres. Drôle de métier. Je ne suis pas un artisan. Alors quand vient le jour où je dois me retrouver seul, je ne sais plus faire. Pour réaliser des choses, j’ai besoin de rendre des comptes. En d’autres mots, ne pas faire les choses pour moi mais pour d’autres. 


Néanmoins. Tout le monde est parti sauf moi n’est pas un appel désespéré pour « fonder un groupe ». Au contraire, c’est un coup de pied à mes fesses pour faire de la création (quelle soit de n’importe quel genre) quelque chose qui m’appartient. Moi seul.

Le projet Heron Héron est, en quelques sortes, né de cette volonté. Heron Héron est mon Gorillaz à moi. Malheureusement, comme ce blog, ce projet ne durera pas plus de deux mois...

baby genius
 




* : abréviation de We’re Only In It
** : je vais dans son pays au mois d’août, je tenterai de vous faire partager mes découvertes par quelques menues photos, courtes vidéos ou tout simplement des notes rigolotes.  

samedi 23 juillet 2011

>>> Sémiologie de L'Œil Sourd - Une analyse du logotype

Chers amis, si vous lisez ces lignes, c'est que vous êtes à coup sûr victimes de notre propagande agressive réalisée à coup de chantage affectif et d'incentives grossières. Il est aujourd'hui encore question de L'Œil Sourd et de lui seul, à travers l'analyse de son logotype. Par une approche des plus rigoureuses, nous tenterons de comprendre son langage, de décomposer sa grammaire et sa rhétorique, de déceler ses messages implicites, de mettre au jour sa charge symbolique et de rechercher sa nature archétypique. 

Fig 1. Le logotype, signe de L'Œil Sourd

Un signe est une trace matérielle, un signifiant (le mot chien, une croix...), auquel est associé une représentation mentale d'un concept exprimé par le signe, un signifié (l'idée de chien, la mort...). Signifié et signifiant sont les deux faces complémentaires composant le signe. L'analyse de l'image consiste, elle, en l'étude des signes qui composent une image et qui s'articulent entre eux pour produire des messages, une narration, dans un langage propre : celui de l'image. Ces éléments sont de trois natures : iconiques (les objets du monde représentés: une maison, un œil...), plastiques (les couleurs, les formes, la texture) et linguistiques (le texte). Ils possèdent chacun un signifié et un signifiant. Voilà pour cette rapide introduction à la sémiologie (théorie générale ou science des signes). Revenons maintenant à ce qui nous préoccupe ici, à savoir une analyse et une interprétation originale du logotype de L'Œil Sourd, où nous étudierons les éléments principaux qui le compose: le dodécagramme chromatique et la maison de l'œil qui voit tout.

Fig 2. Signe = Signifié / Signifiant
Le dodécagramme, ou étoile à douze branches, est une figure géométrique peu commune et complexe. Il existe trois configurations régulières de dodécagrammes (qu'on appelle stellations). Celui du logotype est formé de quatre triangles équilatéraux, soit la superposition de deux hexagrammes - ou étoiles de David. Dans la symbolique, tous ces éléments sont capitaux et prennent dans notre cas une résonance particulièrement mystique. Tout d'abord, nous observons une forte relation entre les chiffres 4 et 3. Pour Carl Gustav Jung, le chiffre 4 est un archétype puissant symbolisant la totalité du Soi et de la psyché humaine; dont on retrouve par ailleurs l'expression dans la forme du mandala, autre symbole du Soi. La trinité exprimée par l'équilatéralité du triangle possède elle aussi une grande puissance symbolique qu'on retrouve notamment dans les mystiques chrétiennes (le Père, le Fils et le Saint- Esprit) et franc-maçonniques. Enfin, trois par quatre font douze -soit le nombre de sommets du dodécagramme. Le nombre douze est lui aussi très récurrent dans plusieurs conceptions structurelles, mythologiques et magiques : les douze mois de l'année, les douze heures du jour et de la nuit, les douze signes des zodiaques chinois et occidental, les douze apôtres de Jésus de Nazareth, les douze étoiles ou vertus de la vierge Marie - qu'on retrouve sur le drapeau européen, les douze pieds d'un alexandrin, etc. L'hexagramme étoilé, qui apparaît dans l'étoile de David ou dans le sceau de Salomon, serait lui le symbole du Monde, du macrocosme, par opposition au pentagramme, symbole du microcosme et de l'Homme avec sa tête et ses quatre membres.





Fig 3. Figures géométriques

Le dodécagramme chromatique répartit lui les couleurs primaires, secondaires et tertiaires en segmentant et ordonnant le spectre de la lumière visible. Le noir #000000 et le blanc #ffffff hexadécimaux de l'oeil du logo traduisent eux la binarité entre absence et présence de lumière; rappelant au passage l'opposition d'œil et de sourd. L'œil placé au centre de la maison évoque lui le thème de l'œil de la Providence, de l'œil qui voit tout, représentation métonymique et indicielle d'un dieu omniscient et unique. Cet œil figure sur le Grand sceau des États-Unis, qu'on retrouve sur les billets américains, au dessus d'une pyramide inachevée.





Fig 4. Œil de la Providence représenté
 au dessus d'une maison traditionnelle
 égyptienne

Le thème de la pyramide, prise en tant qu'habitation (des morts comme dans l'Égypte antique), trouve son écho dans le logo de L'Œil Sourd à travers le motif de la maison. Dans la culture occidentale moderne, cette manière de schématiser une maison vue en coupe avec un toit pointu symbolise généralement la maison familiale. Sur la fig.5, on s'aperçoit que les maisons représentées avec un toit sont rattachées aux symboles de l'autorité (institutions) et la famille (maison avec garage). La relation de co-présence entre le toit et l'idée de la famille s'exprime également dans l'idéogramme chinois 家 semblant être coiffé d'un toit qui signifie à la fois maison et famille.

Fig 5. Symboles courants représentant
des constructions
Toutefois, notre maison présente une dernière particularité : sa cheminée. Dans une première conception, la cheminée est l'indice de l'âtre et du foyer avec lequel on se chauffe et se réchauffe. La cheminée est aussi l'indice des usines et de la production industrielle (voir fig.5). Ainsi la cheminée peut être vue comme le symbole de la manufacture et de l'effervescence créative. Dans une dimension plus spirituelle, la cheminée peut être perçue comme le passage de la vie à la mort, comme les cheminées des crématoriums ou encore les conduits des pyramides égyptiennes destinés à laisser s'échapper l'âme des défunts (voir ici).

Fig 6. Image d'Épinal

Fig 7. Chambre à gaz d'Auschwitz






L'Œil Sourd est donc cet oxymore sacré capable de percevoir toute la lumière mais dont l'ouïe fait défaut. Autiste et stérile, L'Œil Sourd est une tautologie cosmique : un canal unisensoriel. De par sa nature vectorielle et sa texture immatérielle, L'Œil Sourd échappe au toucher. Profondément iconodoule, L'Œil Sourd est un blasphème.


De notre correspondant au Caire, William Leymergie

BONUS

Fig 8. Crânes de cristal et dodécagramme
Fig 9. Gravure alchimiste. Œil concentrique au centre d'un hexagramme.
En latin, « l'esprit », le « corps » et « l'âme »
Fig 10. Zodiaque alchimique d'Oswald Wirth